Coup de projecteur sur des animaux mal-aimés et peu connus, les REPTILES
Le regard que l’on porte sur les espèces peut être très subjectif et empreint de beaucoup de peurs et de craintes irrationnelles. C’est un constat : l’observation d’un rouge-gorge ou d’une couleuvre ne suscite pas les mêmes réactions. Et pourtant, ces 2 espèces sont inoffensives pour l’être humain.
Connaissez-vous les reptiles indigènes présents en Belgique ? Si je vous dis « lézard vivipare » ou « couleuvre à collier », avez-vous une petite idée du cycle de vie de ces animaux et/ou de leurs besoins ?
Sans volonté d’être exhaustif, cet article a pour objectif de donner un petit coup d’éclairage sur les reptiles de nos régions. Allez, vous ne risquez pas grand-chose, je vous assure. Laissez-vous guider…
Historique
Les reptiles existent sur notre planète depuis quasiment 300 millions d’années. Les premiers membres de la lignée des futurs êtres humains sont apparus il y a … 7 millions d’années. Quant à Homo sapiens, il est apparu il y a quelque 250.000 ans, soit ¼ de million d’années. Oups, ça remet les choses un peu dans leur contexte sur l’échelle des temps ;-) Je trouve qu’il est parfois bien utile de se rappeler de ce genre de choses, pas vrai ?
Description - Principales caractéristiques
Les reptiles sont des animaux vertébrés au corps couvert d’écailles, à la peau sèche et qui connaissent des mues (ils ne peuvent pas continuer à se développer dans une peau qui devient régulièrement trop petite pour eux).
Contrairement aux organismes homéothermes, les reptiles sont poïkilothermes, c’est-à-dire que leur température corporelle varie en fonction de celle du milieu extérieur. D’où leur besoin de s’exposer à certains moments au soleil afin de réchauffer leur corps (par exemple en emmagasinant la chaleur d’un tas de pierres).
Les reptiles pondent des œufs. Mais, contrairement aux amphibiens (qui en pondent des centaines voire des milliers), ils n’en pondent que quelques-uns. Ces œufs sont protégés par une coquille, ce qui les rend moins dépendants du milieu aquatique.
Les reptiles sont très sensibles aux vibrations et ce sont en général des champions dans l’art du camouflage.
Dans le monde du vivant, cela aide beaucoup de classifier les espèces pour s’y retrouver un peu. Les reptiles peuvent être répartis en 3 groupes :
· les sauriens (lézards et orvet dans nos régions, mais aussi les crocodiles, les iguanes, les geckos… dans d’autres régions du monde) ;
· les chéloniens (tortues : par exemple la tortue de Floride, une espèce exotique introduite chez nous) ;
· les ophidiens (serpents). Le saviez-vous ? Les serpents ont un très bon « odorat » qui passe par leur langue bifide (à savoir : fendue en 2). Celle-ci leur sert à capter les informations chimiques de leur milieu et à les amener jusqu’à l’organe de Jacobson. Cet organe olfactif leur permet de détecter les phéromones / molécules odorantes.
Écologie, besoins vitaux
Il est évident que chaque espèce a ses exigences propres (*). Pour certaines espèces, celles-ci sont plus élevées ou plus spécifiques que pour d’autres.
Les espèces s’installent sur des domaines vitaux pouvant fournir les ressources nécessaires à leur survie tout au long de l’année. Ces animaux auront donc besoin de :
· suffisamment de nourriture ;
· zones de thermorégulation (leur permettant de s’exposer au soleil) ;
· abris leur permettant de se cacher en cas de danger, de mauvaises conditions climatiques ou pour y passer la saison froide ;
· sites de ponte pour leurs œufs.
(*) Pour des infos complémentaires (notamment, pour les plus passionnés d’entre vous, « comment agir pour les préserver ? »), vous pouvez consulter « Connaître et reconnaître les reptiles des Hauts-de-France » (2019_plaquette_reptiles_cenhf.pdf (cen-hautsdefrance.org)), qui a constitué une bonne source d’infos à ce sujet pour moi.
Focus sur deux espèces en particulier
La couleuvre à collier
Ce reptile, dont le nom scientifique est Natrix natrix, est assez facilement reconnaissable grâce au « collier » clair bordé de noir au niveau de sa nuque. Le dessus de la tête est recouvert de grandes plaques (contrairement à de nombreuses petites écailles à cet endroit chez les vipères).
Les écailles de la couleuvre à collier sont de couleur gris-marron, avec des teintes vert-olive.
Ses pupilles sont rondes, contrairement à celles des vipères (qui ont des pupilles verticales).
Où pourrait-on la croiser ?
À proximité des zones humides (étangs, cours d’eau, prés humides…) car c’est un terrain de chasse important pour elle. En effet la couleuvre à collier se nourrit surtout d’amphibiens et de poissons (eh oui, ce serpent est très à l’aise dans l’eau, où il peut rester en apnée jusqu’à 30 minutes !), mais aussi de petits mammifères (mulots, campagnols, musaraignes…) et de lézards.
Mais on peut également rencontrer la couleuvre à collier dans des milieux plus secs (clairières, haies, friches ou le long de lisières forestières), qui lui offrent des possibilités de thermorégulation.
Il s’agit d’un animal solitaire et aux mœurs diurnes.
Ce reptile est vif et farouche (il s’enfuit au moindre danger). La couleuvre à collier est inoffensive pour l’être humain --- car elle ne possède pas de crochets à venin --- même si sa taille a de quoi impressionner (la femelle peut atteindre 150 cm de long voire plus dans de rares cas, vs. 90 cm maximum pour le mâle).
Qui sont ses prédateurs ?
La buse variable, l’épervier, le milan royal, le héron cendré notamment peuvent prédater la couleuvre à collier.
Il en va de même pour le blaireau, la fouine, la loutre ainsi que le renard roux.
Quel est son cycle de vie ?
Dans le courant du mois de mars, la couleuvre à collier sort de son site d’hivernation. Elle commence à reprendre des forces grâce au soleil (les conditions météo ont leur importance, songeons par exemple au manque de soleil en mars-avril 2023).
La période d’accouplement a lieu en avril-mai.
Fin juin / début juillet, la femelle pond 10 à 15 œufs qui arriveront à éclosion 1 à 2 mois plus tard (en fonction de la température ambiante), donc vers la mi-août. À la naissance, les couleuvreaux mesurent 15 à 20 cm. Une fois nées, les jeunes couleuvres sont indépendantes et capables de se nourrir seules !
Vers la fin octobre démarre la période d’hivernage. La couleuvre entre alors en léthargie pour une durée d’environ 5-6 mois
Le lézard vivipare
Le lézard vivipare (Zootoca vivipara) est un reptile qui mesure en moyenne 11 à 14 cm de long. Ses pattes sont courtes, son corps trapu. Il a un dos brun, roussâtre ou gris, et des points de couleur jaune et brun sombre. Son ventre est de couleur jaune ou orange. Les femelles arborent souvent une ligne vertébrale foncée.
Il se nourrit d’insectes et d’araignées. Mollusques et cloportes font aussi partie de son régime alimentaire.
Les périodes d’exposition au soleil occupent une place importante dans la vie du lézard. Sa température corporelle idéale est comprise entre 30 et 32 °C.
On peut trouver plusieurs individus sur un même territoire (aucun problème de sociabilité). Le domaine vital d’un individu est généralement considéré comme une zone limitée à maximum 20 à 30 m de diamètre.
Le lézard vivipare hiverne la moitié de l’année. Il trouve refuge dans de vieilles souches, dans des cavités dans le sol ou sous des pierres, de mi-octobre à mi-mars environ. Les accouplements ont lieu quelques semaines plus tard et aboutissent à la naissance de 3 à une dizaine de jeunes en plein cœur de l’été.
L’animal est ovovivipare, c'est-à-dire qu’il donne naissance à des jeunes déjà formés et prêts à survivre.
Ce reptile est considéré comme vulnérable au nord du sillon Sambre et Meuse et au pays de Herve, l’animal étant très sensible au manque de connectivité du paysage ou à des altérations d’habitat.
Pour conclure, un mot de notre impact sur l’environnement
Comme on peut le lire sur le site http://biodiversite.wallonie.be/, « presque toutes les espèces de reptiles indigènes sont en régression en Wallonie, notamment du fait qu'elles occupent des milieux marginaux (friches, landes sèches, bords de voies ferrées, lisières étagées, prés maigres de fauche, talus et milieux rocheux …) qui sont progressivement détruits ou altérés par des projets d'aménagement ou par une intensification de la gestion. Il convient d'apporter une attention particulière à la préservation et à la gestion de ces milieux ».
Eh oui, cela vaut aussi pour les espèces que l’on craint (de manière irrationnelle ou purement émotionnelle) ou qu’on trouve moins jolies. Leur place et rôle dans les écosystèmes n’en sont pas moins réels ou justifiés.
Bon début d’été à chacun de vous.