Focus sur les chauves-souris
Le saviez-vous ? Parmi les mammifères, environ 1 espèce sur 4, à l’échelle mondiale, est une chauve-souris.
Il est donc plus que légitime que je leur consacre un article de blog, pas vrai ? Curieux/-se d’en apprendre plus sur ces mammifères volants ? Dans ce cas, suivez le guide.
Infos générales
On parle de chauve-souris ou de chiroptère, qui signifie littéralement « qui vole avec la main », les ailes étant formées d’une membrane de peau.
On dénombre une trentaine d’espèces de chauves-souris en Europe. Et pas moins de 24 sont présentes chez nous, en Belgique. Ce sont les seuls mammifères volants de nos régions.
Dans leur toute grande majorité, les chauves-souris sont lucifuges : elles craignent et fuient la lumière. Celle-ci, trop et souvent inutilement présente dans nos villes (surtout lorsqu’elle est orientée vers le ciel), constitue de véritables barrières pour les chauves-souris. Certaines espèces ont des besoins extrêmement spécifiques et sont de ce fait plus fragiles, sensibles à des modifications par l’être humain de leurs habitats.
Régime alimentaire et rôle écologique
Toutes les chauves-souris présentes en Belgique (et en Europe) sont insectivores.
Les techniques de chasse varient en fonction des espèces ou des conditions : capture des proies en vol, à la surface des plans d’eau, chasse au-dessus de zones arbustives ou arborées, etc. Si vous vous baladez en forêt de Soignes par exemple, vous trouverez des panneaux explicatifs à ce sujet (sur le site du Rouge-Cloître à proximité de l’étang de pêche ou dans le vallon du Vuylbeek, entre autres).
Sur une nuit, une chauve-souris peut consommer l’équivalent de 25% de sa masse corporelle. Pour une pipistrelle commune, cela représente jusqu’à près de 3.000 petits insectes en une nuit de chasse !
Les chauves-souris ont une longévité assez élevée (5 ans pour une pipistrelle commune, mais jusqu’à 25 ans, voire plus, pour d’autres espèces). Cet aspect, ajouté à leur dépendance alimentaire stricte vis-à-vis des insectes, font de ces animaux de bons bioindicateurs de l’évolution de notre environnement.
Cycle de vie
Comme illustré sur le schéma ci-dessus, voici les principales phases du cycle de vie des chauves-souris au cours de l’année :
· En été, les femelles se regroupent en colonies de reproduction, dans des arbres creux, des églises (combles et clochers) ou des maisons (sous des toitures, dans des caissons de volets…). En mai-juin, elles y mettent au monde un seul petit. La nuit, elles partent en chasse mais reviennent plusieurs fois au gîte pour se reposer et allaiter leur petit. Tous les jeunes restent ensemble, blottis au chaud les uns contre les autres. Les jeunes prennent déjà leur envol fin juillet-début août pour aller chasser les insectes aux côtés des adultes.
· En automne, l’enjeu essentiel pour les chauves-souris est de se constituer assez de réserves de graisse en vue de passer l’hiver. Les chauves-souris commencent leur transit vers les gîtes d’hibernation. C’est aussi à cette époque que les mâles cherchent à s’accoupler avec les femelles.
· Hibernation pendant l’hiver (de novembre à février). Les chauves-souris réduisent leur métabolisme de manière très importante (température corporelle / rythme cardiaque / respiration) et vivent sur leurs réserves. Leur gîte hivernal doit être à la fois calme (afin qu’elles ne soient pas dérangées et réveillées), très humide (pour limiter les pertes en eau et éviter la déshydratation) et frais, à une température stable (sinon réveils trop fréquents) comprise entre 3 et 12 °C, en fonction des espèces. Ce peut être une grotte, une glacière, un arbre, un tunnel, une cave ou un bardage de maison, …
· Au printemps, elles sortent de leur torpeur, quittent les sites d’hibernation et se remettent à chasser des insectes. Elles rejoignent ensuite assez rapidement leur gîte d’été.
Echolocation
La vision des chauves-souris n’est pas idéale (sans être mauvaise) pour se déplacer la nuit. Du coup, elles ont développé au fil de l’évolution un ingénieux système pour se diriger et chasser pendant la nuit : l’écholocation (comme chez les dauphins par exemple).
L’écholocation, ça fonctionne comment, cette affaire ? 😉
Les chauves-souris émettent des sons par la bouche (ou par les narines dans le cas des oreillards et des rhinolophes). Ces cris sont émis à des fréquences élevées (de 10 à 150.000 Hertz) en comprimant l’air au niveau de leurs plis vocaux. Amplifiés en passant par le nez ou la gorge, ces sons vont être réfléchis sur les éléments de leur environnement. En fonction du temps que prend l’écho pour revenir à elles, les chauves-souris peuvent déduire la distance qui les sépare de l’objet (obstacle), sa nature (en mouvement ou non), sa vitesse ainsi que sa position dans l’espace (proie). Ce système fait en sorte que les chiroptères sont parfaitement adaptés au monde nocturne.
À noter qu’il y a également des cris « sociaux ». Ceux-ci n’ont pas une fonction d’écholocation, mais plutôt de communication entre individus d’une espèce donnée.
Les détecteurs d’ultrasons
Les ultrasons émis par les chauves-souris varient en fréquence, durée et rythme suivant les espèces. Le détecteur d’ultrasons (« batbox ») est un instrument qui convertit leurs sons à des fréquences audibles pour l’oreille humaine.
Une même chauve-souris peut émettre des ultrasons différents suivant l’heure, le milieu dans lequel elle se trouve ou son comportement (chasse ou simple déplacement).
Sachant que chaque chauve-souris émet des ultrasons propres à son espèce, il est possible de les identifier et d’étudier pour chaque espèce les comportements de chasse, l’utilisation des habitats, la prédilection pour les différents éléments structurels présents dans le milieu naturel. Cette méthode permet d’étudier le comportement des chauves-souris tout au long de la nuit.
Maladies / risques pour la santé humaine (source : Natagora)
· La présence des chauves-souris dans les bâtiments n’est d’aucun danger pour l’être humain. À noter, en complément, que les chauves-souris ne vont pas dégrader des poutres en bois ni creuser (elles en sont incapables, contrairement à des rongeurs comme des rats ou des souris).
· Les chauves-souris en Belgique ne sont pas porteuses du SARS-Cov-2. Ce virus n’est pas transmissible à l’espèce humaine directement. La transmission d’un virus d’un animal sauvage à l’homme résulte souvent d’une altération de l’environnement par Homo sapiens.
· Le guano (crottes) de chauves-souris n’est porteur d’aucune maladie connue.
· En Belgique, la seule maladie que les chauves-souris peuvent transmettre à l’être humain est le « European Bat Lyssavirus ». Mais il n’y a aucun risque d’attraper la rage si on manipule les chauves-souris avec une paire de gants épais.
Envie de vous impliquer dans ce domaine ?
Sachez que le pôle Plecotus de Natagora (https://plecotus.natagora.be/) est composé de volontaires. Leurs missions sont diverses : mener des études (par exemple sur la pollution lumineuse), faire des inventaires (de sites d’hibernation), informer et sensibiliser le grand public (comme par exemple à l’occasion de la Nuit européenne des chauves-souris qui a lieu chaque année le dernier weekend du mois d’août).
Pour terminer, si vous deviez avoir des questions par rapport à la bonne cohabitation entre humains et chauves-souris, voici une adresse email utile : soschauvessouris@natagora.be (vous serez alors en contact avec des spécialistes bénévoles qui sont là pour vous aider à trouver des solutions en cas de nuisances ou de problèmes).