Les fougères, ces végétaux qui remontent à la nuit des temps

Chacun connaît les fougères de manière générale. La très commune fougère-aigle, ou grande fougère (Pteridium aquilinum) notamment, avec ses hampes sortant isolément du sol. Les fougères apprécient les sous-bois ombragés et les zones humides, mais on peut aussi en trouver sur de vieux murs. C’est le cas, par exemple, de la capillaire des murailles (Asplenium trichomanes).

On a beau reconnaître l’aspect général des fougères près de chez nous, savoir qu’il en existe environ 12.000 espèces à travers le monde est impressionnant.

Plantes très anciennes

Dans mon blog du mois dernier, j’évoquais la coévolution entre insectes et plantes à fleurs. Cette fois-ci, remontons encore davantage le temps… Bien avant la domination des plantes à fleurs et à graines, les fougères formaient (avec les lycopodes et les prêles géantes) de vastes forêts il y a plus de 300 millions d’années.

L’apparition des fougères a marqué une avancée importante dans l’histoire évolutive des végétaux sur Terre. En effet, au tout début il y avait seulement des algues aquatiques et des lichens primitifs. Par la suite apparurent les mousses. Celles-ci ne disposant pas de tige vascularisée, doivent rester très proches de leur substrat.

Avec les premières fougères apparaissent des racines (permettant la fixation et l’absorption) et des tiges aptes à laisser circuler la sève. Dans la paroi de certaines cellules de ces tissus est apparue la lignine. Cette molécule assure la rigidité et a permis aux fougères de se développer en hauteur. C’est ainsi qu’au Carbonifère, caractérisé par un climat chaud et humide, les paysages étaient constitués en bonne partie d’immenses forêts de fougères arborescentes (mesurant de 20m à plus de 30m !). Cette domination des fougères arborescentes dura 100 millions d’années. Au fil du temps, les fougères se sont miniaturisées.

Ce déploiement en spirales est généré par la croissance des cellules de la fougère.

Mode de reproduction par spores

Les fougères n’ont ni fleurs ni graines. Elles se reproduisent par spores, regroupées dans des sporanges, situés sur le dessous des frondes (ou feuilles). Ces sporanges sont eux-mêmes groupés en amas, appelés « sores », souvent couverts d’une fine membrane (indusie). Notez que la forme des sores et de l’indusie est un critère important pour identifier les fougères (caractérisation en genres et espèces).

À maturité, les spores sont libérées et disséminées par le vent. Elles germent sous forme de petite feuille en forme de cœur, le prothalle, souvent peu visible au sol. C’est sur ce prothalle que se développent les organes reproducteurs qui produisent les gamètes mâles et femelles. C’est uniquement l’action de l’eau qui va permettre la fécondation : lorsque le prothalle est recouvert d’une couche d’eau, les spermatozoïdes nagent vers les gamètes femelles. La fécondation engendre sur le prothalle un embryon qui sera à l’origine d’une nouvelle fougère. Après avoir joué son rôle, le prothalle disparaît par la suite.


Plante peu consommée dans le règne animal

Certaines fougères sont toxiques pour l’être humain et certains animaux. La plupart des vertébrés ne les consomment pas. Du coup, seules quelques espèces spécifiques de fougères sont consommées, à certains moments de l’année. Les insectes qui se nourrissent de frondes de fougères comprennent : des larves de tenthrède (un hyménoptère), des chenilles de papillons, certains coléoptères, les grillons et les sauterelles.

Si certaines fougères sont toxiques, d’autres variétés ont des vertus thérapeutiques. Certaines espèces de fougères permettent en effet de lutter contre les vers intestinaux ou de nettoyer les plaies et d’accélérer la cicatrisation. Bien entendu, il est nécessaire de faire appel aux conseils d’un expert de la santé avant d’utiliser la fougère comme plante médicinale.


Usages divers

La fougère peut être utilisée en paillis hivernal, au jardin ou au potager. Placées au pied des plantes, ses frondes séchées forment une bonne couche isolante. Quand le paillis se décompose, il enrichit la terre de nombreux éléments minéraux (potassium, calcium, silice).

Les fougères ont des propriétés répulsives et antiparasitaires. Utilisées autrefois comme litière dans les bergeries pour éviter les invasions de puces, de punaises et de tiques, elles servent de nos jours à concocter un purin (à base des frondes) pour tenir éloignées du potager --- l’odeur agirait comme répulsif --- la mouche de la carotte et la piéride du chou par exemple.

Le purin de fougère est également efficace en pulvérisation (dilué à 10%) pour lutter contre les pucerons et les limaces au potager. Il peut aussi servir de traitement pour des maladies des plantes comme l'oïdium et la rouille.

 

J’espère que la lecture de cet article vous aura fourni une perspective plus globale sur ces végétaux très anciens que sont les fougères.

 

Bon début d’automne à chacun de vous.

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