Plongeons-nous un moment dans le monde des libellules

Les capacités de vol des libellules me fascinent. Les « libellules vraies » (si vous vous demandez de quoi je parle, pas de souci : je vais revenir sur les deux grandes catégories de libellules) sont capables de pointes de vitesse dépassant 40 km/h, de faire des vols verticaux, en zigzag ou encore de voler en marche arrière !

Grâce à leur vitesse et à leur agilité, elles sont capables d’attraper et de transporter leurs proies en plein vol avant de les dévorer. Carrément impressionnant, vous ne trouvez pas ?

Répartition sur la planète

À l’échelle de la Terre, les libellules sont présentes un peu partout à l’exception de l’Antarctique. Bien entendu, on en trouve davantage dans les régions tropicales. On peut également les trouver à différentes altitudes, depuis le niveau de la mer jusqu’en montagne (à plus de 3.000m d’altitude pour certaines espèces).

 

Description

Ces insectes fascinants font partie de l’ordre des Odonates. Pour les observer, il est préférable de fréquenter les zones humides : mares, zones marécageuses, étangs offrant des berges peu profondes…

Les Odonates se caractérisent par des yeux composés très volumineux (par rapport à la taille totale de leur corps), de courtes antennes, un abdomen assez étroit et deux paires d’ailes membraneuses. Anecdote remarquable concernant leurs yeux : ils se composent d’une multitude d’ommatidies (ou facettes) : jusqu’à 30.000 chez les grands aeschnes !

Apprenons à présent à distinguer les 2 grands sous-ordres de libellules : les Zygoptères ou demoiselles (ex : les agrions, les lestes), et les Anisoptères ou libellules vraies (ex : les aeschnes, les anax, les sympétrums …). Comment les distinguer ?

  • Les demoiselles ont un corps frêle et les yeux très écartés. Leur vol est assez lent et papillonnant. Au repos, leurs ailes sont accolées, jointes (« zygo » = joint, « ptère » = ailes) ou légèrement entrouvertes.

  • Par contre, les libellules vraies ont un corps robuste, leurs yeux se touchent ou sont très peu écartés. Leur vol est vif et nettement plus direct. Au repos, leurs ailes sont positionnées à plat ou vers l’avant.

Demoiselle vs. Libellule vraie

Illustration d’une demoiselle (sous-ordre des Zygoptères) vs. une libellule vraie (sous-ordre des Anisoptères)

Redoutables prédateurs

Odonates veut dire « mâchoires dentées ». Il s’agit en effet de féroces prédateurs, tant au stade adulte où elles capturent d’autres insectes (moucherons, moustiques, papillons, …) en vol qu’au stade larvaire dans l’eau. Les larves possèdent une mâchoire particulière : une espèce de masque replié sous le « menton » et muni de pinces. À l’approche d’une proie (vers de vase, insectes aquatiques, têtards ou petits poissons), la partie inférieure de sa gueule se déplie rapidement vers l’avant pour capturer la victime à distance.

En Belgique, on compte une bonne soixantaine d’espèces différentes d’Odonates. Les « imagos » (ou adultes) virevoltent dans les airs, on peut les observer d’avril à octobre selon les espèces (avec un pic entre juin et août).

Mais n’oublions pas que leur vie démarre bien avant cela, en milieu aquatique.

 

Développement jusqu’à la mue imaginale

Les larves se développent dans l’eau, pendant quelques semaines à plusieurs années selon l’espèce et les conditions du milieu. Les odonates connaissent entre 6 et 15 mues au cours de leur développement larvaire.

Au stade aquatique, les larves de demoiselles ont des branchies abdominales permettant les échanges gazeux. Chez les libellules vraies, le système est différent : sous l’action de muscles qui pompent, de l’eau entre et sort au bout de leur abdomen pour assurer l’oxygénation.

Arrivées à maturité, les larves d’odonates quittent l’eau pour se suspendre à un support, une plante la plupart du temps. Elles sont prêtes à se transformer en insectes adultes ou « imagos » (c’est la mue dite imaginale). L’insecte adulte émerge alors de sa dernière enveloppe larvaire, à travers une fente qui grandit au fur et à mesure que l’insecte s’en extirpe. La libellule adulte sort d’abord sa tête et son thorax (où sont attachées les 2 paires d’ailes et les 3 paires de pattes) puis enfin son abdomen. L’insecte avale de l’air. L'hémolymphe (sang de l'insecte) commence alors à circuler progressivement dans les nervures des ailes. Ceci permet leur déploiement. Les ailes devront encore sécher et durcir pendant plusieurs dizaines de minutes, cela peut même prendre quelques heures.

Émergence d'une libellule

Émergence d’une libellule (individu néonate). Accroché à la végétation, l’insecte fait sécher et durcir ses ailes.

Contrairement aux larves en milieu aquatique aux couleurs ternes (discrétion s’avérant utile pour ne pas servir de repas aux grenouilles et aux poissons), les libellules adultes sont souvent assez colorées : elles présentent des teintes métallisées ou iridescentes. Ceci dit, les adultes qui viennent d’émerger (les « néonates ») ont un corps encore pâle, leurs couleurs plus vives n’apparaissent qu’au bout de plusieurs heures, voire quelques jours.



Importance de préserver et/ou de restaurer les zones humides

De par leurs exigences spécifiques (eaux plus ou moins bien oxygénées ou stagnantes, degré d’acidité du milieu, zones humides permanentes ou temporaires, présence ou non de végétaux émergés, …), les libellules sont d’excellents bio-indicateurs. La préservation et/ou restauration de zones humides est un élément très important pour ces insectes et pour l’ensemble de l’écosystème dans lequel ils évoluent.


Je vous souhaite, à toutes et tous, de belles observations au cours de l’été.

« L’amour est le miracle d’être un jour entendu jusque dans nos silences, et d’entendre en retour avec la même délicatesse : la vie à l’état pur, aussi fine que l’air qui soutient les ailes des libellules et se réjouit de leur danse. »
— Christian Bobin
Précédent
Précédent

L’été, c’est la période de reproduction chez les chevreuils

Suivant
Suivant

Ode à la Terre