Les secrets des escargots et autres mollusques terrestres

Ce mois-ci, c’est aux GASTÉROPODES terrestres (escargots et limaces en particulier), dont on ne parle pas si souvent, que nous allons nous intéresser.

Introduction

Apparus il y a 600 millions d’années, les gastéropodes constituent de nos jours, après les insectes, le plus grand groupe animal : on dénombre plusieurs dizaines de milliers d’espèces.

On trouve des gastéropodes en milieu aquatique (comme les pieuvres ou les planorbes par exemple) ou en milieu terrestre (comme les escargots et les limaces). Cet article se concentre sur les gastéropodes terrestres.

Description

En guise de préambule, un tout petit mot sur la manière de classifier les espèces. La classification du vivant s’établit ainsi (je prends volontairement l’exemple d’un animal mieux connu, le renard roux) :

·         Règne (Animal)

·         Embranchement (Chordés)

·         Classe (Mammifères)

·         Ordre (Carnivores)

·         Famille (Canidés)

·         Genre (Vulpes, Renard)

·         Espèce (vulpes : roux)

 

Revenons à nos moutons, ou plutôt … à nos gastéropodes.

Ceux-ci (gastropoda = « ventre-pied ») sont une classe de mollusques (ici on se situe au niveau de l’Embranchement), qui se caractérisent par une coquille univalve et par la torsion de leur masse corporelle et de leurs viscères.

 Leur corps se subdivise en 3 parties :

  • La tête munie de tentacules, portant des yeux à leur extrémité.

  • La partie ventrale constituée d’un pied élargi.

  • La partie dorsale constituée d’une masse viscérale, le plus souvent enfermée dans une coquille (chez les escargots) d’une seule pièce.

Ça n’a sans doute l’air de rien mais les mollusques terrestres sont de véritables montagnes de muscles ! Ils se déplacent par reptation, à savoir par contraction et relâchement successif des petits muscles situés dans leur « pied ».

Selon les espèces, les escargots peuvent vivre entre 3 et 7 ans en moyenne. 

La durée de vie est plus courte chez les limaces. Par exemple, la limace rouge (Arion rufus) vit entre 12 et 18 mois, si les conditions sont favorables.

« Coquille, coquille : quels secrets abrites-tu ? »

La coquille est une partie essentielle de l’escargot puisqu’elle lui sert de protection, à la fois face à des prédateurs et contre la sécheresse.

La coquille des escargots est très variable en forme (par exemple, la carapace d’un “petit gris” est sphérique alors qu’elle est très allongée chez les espèces de la famille des Clausiliidae), ainsi qu’en taille et en couleurs.

Au cours de la vie de l’escargot, la coquille se construit au rythme de croissance de l’animal. Ce processus est donc irrégulier : la coquille ne se développe pas en période d’hibernation ou de jeûne, par contre elle se consolide en période d’activité de l’animal. La coquille se compose de 3 couches : la couche externe, appelée la « conchyoline » (un petit scrabble bientôt ?), la couche intermédiaire (à base de calcaire) et la couche interne, dite « de nacre ».

Que se passe-t-il lorsque la coquille d’un escargot est écrasée ? 

  • Si l’apex (la pointe de la coquille de l’escargot, zone qui contient ses organes fragiles) n’est pas abîmé, l’escargot est capable de s’auto-réparer grâce à son mucus. Celui-ci véhicule de la calcite (du carbonate de calcium), produite grâce à un organe qui recouvre la paroi interne de la coquille. La calcite permet de colmater les fissures et de guérir l’escargot.

  • Par contre, si la fissure est située tout près de l’apex ou que les dégâts sont trop importants, l’escargot ne survivra malheureusement pas.

Focus sur quelques espèces d’escargots en particulier

Tout d’abord, le célèbre (surtout d’un point de vue culinaire) escargot de Bourgogne (Helix pomatia). Il dispose de plus de 20.000 toutes petites dents sur la radula, sorte de langue format une râpe qui lui permet de brouter les végétaux en raclant le substrat sur lequel il évolue. Cet animal se déplace à une vitesse d’environ 4 mètres par heure.

Le saviez-vous ? On a estimé qu’un seul escargot de Bourgogne est capable de tirer 4 kilos ! Par rapport à sa taille, c’est une force de traction très impressionnante.

Info méconnue au sujet des escargots : si vous ramassez un escargot pour le déplacer, faites-le en le faisant glisser délicatement vers l'avant ou en tapotant doucement sa coquille pour qu'il rentre lui-même dedans. Si vous tirez simplement dessus (que vous sentez une résistance), vous allez lui déchirer la membrane qui le relie à sa coquille et lui permet de se recroqueviller, lui infligeant une douleur atroce et le condamnant à mourir après une agonie de quelques jours.

Autre exemple : l’escargot des jardins (Cepaea hortensis) et l’escargot des haies (Cepaea nemoralis). Il s’agit de 2 espèces très semblables, qu’on peut facilement observer.

En termes d’identification, la différence entre ces 2 espèces se fait au niveau de la coloration du bord d’ouverture de leur coquille : elle est blanc clair chez l’escargot des jardins alors qu’elle est brun sombre chez l’escargot des haies.

Pour les différencier, observez la couleur du bord d’ouverture de leur coquille.

Après la pluie…

Les mollusques sont typiquement des animaux que l’on peut observer facilement après une averse. Pourquoi ? Tout simplement car l’eau est absolument vitale pour ces animaux. Ils ne peuvent pas survivre sans eau, alors qu’ils sont capables de jeûner pendant de nombreux mois, voire des années.

L’escargot est constitué de 80% d’eau (à titre de comparaison, l’eau représente 60 à 65% du poids total d’un être humain). Le mollusque dépense une bonne quantité d’énergie à produire du mucus (ce qu’on appelle communément sa « bave » collante). Le manteau de mucus lui sert à protéger sa peau contre les bactéries et lui permet de progresser sans difficulté sur tout type de surfaces, y compris des surfaces rocailleuses ou tranchantes comme une lame de rasoir !

Existe-t-il une différence entre limaces et escargots ? Visuellement, oui bien entendu. Mais en réalité, pas vraiment (en simplifiant un peu). En effet, certaines limaces portent des résidus de coquille en interne, et même à l’extérieur, au bout de leur “pied”.

En période hivernale

Escargots et limaces s’enfouissent dans le sol pour passer la saison froide et éviter le gel. Une fois enfouis, les escargots rentrent dans leur coquille après en avoir bouché l'entrée par une couche de mucus (qui durcit). Ils restent ainsi endormis, à l’abri et émergent à nouveau au printemps suivant.

Reproduction

Les gastéropodes (en tout cas la grande majorité d’entre eux) sont hermaphrodites, à savoir qu’ils possèdent à la fois des gamètes mâles et des gamètes femelles.

Au printemps, lorsque deux escargots se rencontrent, commence une véritable parade nuptiale qui peut durer plusieurs heures. Les partenaires s’éloignent, puis se rapprochent. Ils prennent une position caractéristique, appuyés sur l’arrière de leur pied et dressés l’un contre l’autre.

À noter que les préliminaires à l’accouplement ne durent pas si longtemps. Par exemple : 30 à 60 minutes chez l’arion rouge (Arion rufus), durant lesquelles les animaux se frôlent, tournent l’un autour de l’autre, émettent du mucus… avant l’accouplement.

Au moment de l’accouplement, les deux partenaires s'échangent mutuellement des gamètes mâles, qui viendront féconder leurs gamètes femelles. Il y a donc échange de spermatozoïdes. Ceux-ci, enveloppés dans des spermatophores (sortes de petits sacs), sont acheminés vers la paroi séminale de l’autre, où ils pourront être stockés pendant de longues semaines, parfois des mois. Par exemple, les escargots des haies s’accouplent 3 ou 4 fois par an. C’est ainsi que peuvent coexister les spermatophores de plusieurs individus dans leur bourse copulatrice, ce qui est favorable à la diversité génétique.

En route vers la nouvelle génération ;-) Environ 15 à 20 jours après l’accouplement, plusieurs dizaines de petits œufs blancs sont pondus dans un trou creusé dans la terre. Cet amas d’œufs est appelé un « naissain ». Le développement des embryons prend 3 à 4 semaines (selon les conditions de température et d’humidité du milieu extérieur) et, à l’éclosion, les petits sont absolument semblables aux adultes. Les escargots naissent avec une petite coquille molle, quasi transparente au début. Il leur faudra à peu près 1 an pour devenir adultes.

Prédateurs ?

Les prédateurs de gastéropodes ne manquent pas.

  • Un important prédateur d’escargots et de limaces (cette info intéressera plus que probablement celles et ceux qui ont un potager) est sans conteste le hérisson. Parmi les mammifères, mentionnons aussi le blaireau et la musaraigne.

  • Les carabes et les staphylins sont des insectes coléoptères consommateurs de limaces.

  • Les crapauds et grenouilles apprécient également de mettre des limaces à leur menu. Au niveau des reptiles : les orvets consomment des escargots.

  • Pour terminer cet article, je ne peux m’empêcher de mentionner (ou de rappeler) cet élément car cela fait partie des petites enquêtes qu’on peut facilement mener dans la Nature lorsqu’on recherche des traces d’animaux. La grive musicienne est le seul passereau qui se nourrit d’escargots en brisant leur coquille. Pour cela, elle les frappe sur une pierre ou une racine dure. À noter que cette technique prend du temps et n'est utilisée que si d’autres aliments ne sont pas disponibles pour la grive : par temps de gel par exemple lorsque cet oiseau ne peut plus se nourrir de vers de terre. À l’avenir, si vous trouvez dans un espace vert un petit amas de coquilles d'escargots cassées sur une pierre ou au sol, vous saurez qu'une grive a élu domicile à proximité.

 

Belles observations à chacun.

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