Comment les animaux passent-ils l’hiver ? Quelles stratégies ?
Il existe différentes stratégies dans la nature pour permettre aux organismes vivants de passer au mieux la saison hivernale. Dans cet article, on ne va pas s’intéresser aux végétaux (différences entre feuillus et conifères entre autres), mais bien aux animaux, en tout cas à certains d’entre eux.
Quelles sont les différences entre hibernation et hivernation ? Eh oui, une seule lettre de différence (en français), mais qui correspond à des réalités bien distinctes. Examinons cela ensemble, avec des cas concrets.
Des stratégies différentes
En hiver, le manque de ressources alimentaires pousse un certain nombre d’animaux à mettre leur corps en mode « pause », à ralentir leur fonctionnement. En tout cas, les animaux qui ne migrent pas car la migration constitue bien entendu une autre stratégie pour passer la période hivernale. Pour plus d’infos à ce sujet, je vous renvoie vers l’article, disponible dans mon BLOG, concernant les migrations d’oiseaux que j’ai mis en ligne il y a 12 mois.
Revenons aux animaux de nos régions qui ralentissent leur métabolisme. Ce ralentissement se passe à des degrés divers. On dit de ces animaux qu’ils entrent en hibernation ou en hivernation. Mais, quelle est la différence ? Le savez-vous ?
Ce qui différencie principalement l'hibernation de l'hivernation, c'est l'état de vigilance dans lequel se trouve l'animal.
· Lorsqu'un animal (comme la marmotte ou le loir) hiberne, il se trouve dans un état de léthargie profonde. La plupart des zones de son cerveau passent en mode passif. Les seules zones cérébrales qui restent actives sont celles qui commandent les actions vitales. Par contre, le cerveau d’un animal qui hiverne reste très réactif. En d’autres mots, l’animal somnole simplement et peut tout à fait se réveiller.
· Autre distinction : la température corporelle. Les animaux qui hibernent voient leur température descendre de manière très significative (parfois jusqu'à 0 °C !). Par contre, la température des hivernants ne va que peu diminuer. Ceci dit, cette baisse va leur procurer malgré tout de précieuses économies d’énergie.
· Enfin, il y a une grande différence au niveau du métabolisme. Celui des animaux hibernants peut baisser de plus de 90% ! Leur rythme cardiaque peut passer de plus de 300 battements par minute à seulement 3 ou 4 ! Leur flux sanguin diminue également, de même que leur fréquence respiratoire. Et des périodes d’apnée sont observées.
À l’inverse, des animaux qui hivernent restent davantage actifs. Les femelles peuvent même donner naissance à des petits et les allaiter. C’est le cas chez les ours par exemple. Vous l’aurez compris : contrairement à ce qu’on dit habituellement, l’ours n’hiberne pas. Il met son organisme au ralenti, mais ne se retrouve pas dans un sommeil profond.
Focus sur les amphibiens
En octobre - novembre, la plupart des espèces d’amphibiens (crapauds, grenouilles, tritons…) vont dans leurs sites d’hivernage pour y entrer en dormance.
Les crapauds par exemple s’installent déjà aux alentours des sites de reproduction de la fin de l’hiver – début du printemps. Ils peuvent s’enfouir dans le sol jusqu’à environ 50 cm de profondeur pour être protégés et à l’abri du froid. Les grenouilles rousses migrent en partie jusque dans les étangs.
Les grenouilles peuvent passer l’hiver au fond de l’eau, l’oxygène pénétrant leur corps directement via leur peau perméable.
Le saviez-vous ? C’est grâce à de fortes concentrations de sucres et d’acides aminés dans le sang que les amphibiens parviennent à résister au froid au cours de cette période. Il s’agit, ni plus ni moins, que d’un mécanisme d’antigel au niveau du sang et des liquides corporels !
La salamandre tachetée et la grenouille rousse peuvent même survivre en étant en partie congelées (jusqu’à - 5 °C). De petits cristaux de glace se forment sous leur peau, mais la teneur en glucose empêche le sang de geler.
Et les reptiles là-dedans ?
Comme vous le savez, la température de ces animaux varie et dépend du milieu extérieur. Par conséquent, pour passer l’hiver, les serpents et les lézards s’abritent sous des troncs d’arbres, des pierres, ou encore dans le sol, le but étant tout simplement (si l’on peut dire) d’éviter de geler !
L’orvet fragile, par exemple, peut s’enfouir jusqu’à environ 70 cm.
Quid des mammifères ? L’exemple du blaireau
Ce mammifère de la famille des Mustélidés, à la tête noire et blanche, réduit son activité en hiver, il entre en hivernation. Ce faisant, il économise son énergie et se protège du froid. En pratique, il dort plus longtemps et sort moins fréquemment de son terrier. Le blaireau peut se réveiller et sortir de son terrier au cours de l’hiver, surtout s’il fait doux ou s’il a faim.
La période d’hivernation du blaireau démarre en novembre-décembre et dure 4 à 5 mois (variable en fonction des régions et des conditions climatiques).
Vers mars-avril, le blaireau reprend un fonctionnement plus actif. C’est en effet une période où les températures augmentent et sa nourriture redevient plus abondante.
Et toi, petit hérisson, comment passes-tu l’hiver ?
Le hérisson d’Europe entre en hibernation fin octobre - début novembre. Pour lui, cette phase se prolonge jusque fin mars - début avril.
Divers facteurs entrent en jeu en automne : baisse de la température extérieure, raccourcissement des journées et modifications hormonales. Pour cet animal, entrer en hibernation est une réaction biologique au futur manque de nourriture (en hiver). En effet, le hérisson est omnivore à tendance insectivore.
Pendant les mois de septembre et octobre, le hérisson accumule des réserves de graisse, indispensables pour lui permettre de passer l'hiver, période au cours de laquelle cet animal perd en moyenne 30% de son poids !
Au cours de son hibernation, le hérisson fait baisser sa température interne jusqu'à la température extérieure, avec une température plancher de 5 °C.
Le hérisson aménage son abri sous des broussailles, dans une haie sous des tas de feuilles ou dans un compost abandonné. Vous pouvez aussi l’aider en aménageant en octobre de petits abris pour accueillir cet animal à piquants. De petits plans de construction de ce type se trouvent facilement sur le net.
Un mot sur quelques insectes
En hiver, les abeilles domestiques se regroupent en grappe autour de la reine et des réserves de miel, qu’elles ont récolté et amassé jusqu’à l’automne. Les abeilles abaissent leur température corporelle. En hiver, la température de la ruche est maintenue à 18 °C (battement d’ailes pour produire de la chaleur si la température venait à trop baisser), contre 35 °C lorsque la ruche est en pleine activité en été.
Quantité d’insectes passent la saison hivernale à un stade larvaire. Mais ce n’est pas le cas de tous les insectes. Un contre-exemple est celui de coléoptères bien connus : les coccinelles.
Celles-ci adoptent des stratégies variées à l’approche de l’hiver.
· La plupart des espèces de coccinelles restent dans nos régions en hiver et entrent en hibernation au stade adulte. Elles vont chercher des endroits humides et protégés du vent, tels que des tas de feuilles, des fissures dans les interstices des façades de nos habitations et de nos fenêtres, ou dans des écorces d’arbres.
· Certaines autres espèces de coccinelles migrent vers le sud, comme de nombreuses espèces d’oiseaux (songeons aux hirondelles ou aux fauvettes par exemple). Les coccinelles se rassemblent en grands groupes et volent ensemble vers des régions moins froides.
· À l’inverse, d'autres coccinelles se déplacent vers des pays plus froids en hiver. Cela peut sembler bizarre, non ? En fait, pour survivre, ces espèces ont besoin de conditions hivernales strictes, à savoir des températures de congélation en continu. Si cette condition n’est pas remplie, leur mode d'hibernation les réveillerait trop fréquemment, ce qui leur ferait consommer trop d’énergie et pourrait (en cas de répétition) causer leur mort.
Le vivant adopte donc, comme on le voit, des stratégies variées.
Focus sur les chauves-souris pour terminer ce petit tour d’horizon
En automne, les chauves-souris constituent des réserves de graisse en vue de l’hiver et commencent leur transit vers les gîtes d’hibernation.
Hibernation pendant l’hiver (de novembre à février). À cette période, les chauves-souris réduisent très fortement leur métabolisme (température corporelle / rythme cardiaque / fréquence respiratoire) et vivent sur leurs réserves. Leur gîte hivernal doit être à la fois calme (afin qu’elles ne soient pas dérangées et réveillées), très humide (pour limiter les pertes en eau et éviter la déshydratation) et frais, à une température stable (sinon réveils trop fréquents) comprise entre 3 et 12 °C, en fonction des espèces. Ce peut être une grotte, une glacière, un arbre, un tunnel, une cave ou un bardage de maison, …
Au printemps, les chauves-souris sortent de leur torpeur, quittent les sites d’hibernation et se remettent à chasser les insectes qui auront fait leur retour.
Je souhaite à chacun de vous un bon passage en mode « cocooning » en cette fin d’automne. Ceci dit, n’arrêtez pas de prendre de bons bols d’air à l’extérieur, le plus régulièrement possible. C’est un grand bienfait pour votre santé, à la fois physique et mentale. Ne vous en privez surtout pas.