Mieux connaître les castors

Le CASTOR commun ou d’Europe (Castor fiber) est le plus grand rongeur de l’hémisphère nord. Son cousin sur le continent nord-américain est le castor du Canada (Castor canadensis).

Partons tout de suite à la découverte de cet animal.

Description

Il s’agit d’un mammifère semi-aquatique.

La face extérieure de ses incisives a une couleur orange (émail riche en fer).

Le corps d’un castor est trapu. Un adulte mesure environ 90 cm de long, auquel il convient d’ajouter 30 cm pour sa queue plate.

Le poids d’un castor adulte est de 21 kg en moyenne (jusqu’à 30 kg dans certains cas).

Attention : à ne pas confondre avec un ragondin, qu’on retrouve dans les mêmes milieux. Le ragondin est plus petit (40 à 60 cm, pour un poids moyen de 7 kg) et sa queue est ronde. Par ailleurs, lorsque le ragondin nage, toute sa tête et le haut de son dos émergent de l’eau, alors que le castor ne laisse visible que sa nuque et la partie supérieure de sa tête.

La fourrure du castor est imperméable et très dense. Le castor possède deux couches de poils (longs dessus et courts dessous). Il est donc bien protégé et isolé du froid.

Sa morphologie est merveilleusement adaptée au milieu aquatique, avec sa queue plate et ses pattes postérieures palmées et très puissantes. Un mot en particulier concernant sa queue : elle est musculeuse et comporte 24 vertèbres. Elle sert au castor de propulseur et de gouvernail lorsqu’il nage dans l’eau, mais aussi de réserve de graisse en hiver et … d’échangeur thermique (le castor plonge sa queue dans l’eau fraîche lorsqu’il fait chaud).

La longévité d’un castor est estimée à une dizaine d’années. Dans d’excellentes conditions de vie, il peut vivre jusqu’à 15 ans voire plus.

Comportement

Le castor vit en cellule familiale. Un couple de castors se forme pour la vie et élève ses petits avec attention.

Les accouplements ont lieu vers le mois de février, en fin d’hiver. Après une gestation qui dure une centaine de jours, la femelle met au monde 2 à 4 petits pesant +/- 500 g chacun. La mère nourrit ses bébés pendant six semaines, mais il leur faut attendre 2 à 3 ans (2 pour la femelle, 3 pour le mâle) avant d’atteindre la maturité sexuelle. Pendant toute cette période, les petits castors restent avec leurs parents. Une fois devenus adultes, ils quitteront alors la cellule familiale.

Alimentation

Le castor est un animal herbivore.

En été, le castor se nourrit de plantes aquatiques mais aussi d’herbacées et de fruits à proximité des berges. Il mange aussi l’écorce des arbres, notamment de l’aulne, du peuplier tremble, du saule (bois tendre). C’est d’ailleurs ce qui constitue l’essentiel de son alimentation en période hivernale, lorsque les feuilles et les plantes aquatiques sont absentes. Pour nourrir sa famille durant tout l’hiver, le castor fait des réserves : il stocke au fond de l’eau une quantité importante de branches d’arbres, qu’il cale à l’aide de pierres.

Observations / traces

Si vous avez la chance d’observer un castor nager à la surface d’un plan d’eau, vous verrez que ses narines, ses yeux et ses oreilles restent hors de l’eau. C’est très utile pour lui afin de pouvoir entendre, voir et respirer en nageant.

Les castors sont assez difficiles à observer en direct. En effet, ils se déplacent surtout de nuit, en tout cas à la tombée du jour. Et, à la moindre alerte, ils plongent.

Ceci dit, les traces qu’ils laissent (arbres grignotés et taillés « en crayons ») trahissent leur présence à proximité des cours d’eau.

Aménagements du castor

Le castor doit construire une hutte de branches et de vase. Afin de protéger ses jeunes de prédateurs potentiels, les entrées des huttes et des terriers doivent se trouver sous l’eau.

Pour assurer un niveau d’eau toujours suffisant, le castor construit donc un ou plusieurs barrages, ce qui peut causer l’inondation de zones en surface, voire la création de véritables étangs.

Historique

Le saviez-vous ? L’origine des castors sur notre planète remonte à plus de 50 millions d’années !

Les espèces actuelles Castor fiber et Castor canadensis (castor du Canada) auraient divergé il y a 7 à 8 millions d'années.

Exterminé pour sa fourrure, sa viande ainsi que son « castoréum » (utilisée en parfumerie), le castor avait entièrement disparu de plusieurs pays d’Europe dont la Belgique au milieu du 19e siècle, d’autant que la chasse était couplée à une destruction des habitats du castor.

Si vous vous posez la question, le castoréum est une sécrétion huileuse et odorante produite par des glandes spécifiques, permettant au castor de s'identifier et de marquer son territoire.

De nos jours, le castor a le statut d’espèce protégée dans plusieurs pays, dont la Belgique, la France, le Luxembourg et la Suisse.

Chez nous, l’espèce a été réintroduite par des activistes en Wallonie il y a une vingtaine d’années. De nos jours, le castor prospère en Wallonie, où on estime le nombre de territoires colonisés à plus de 600, ce qui correspond à +/- 2.000 individus.

Façonneurs de paysages et atout en termes de biodiversité

Fameux ingénieur et bâtisseur de barrages, le castor est considéré comme un auxiliaire de la revitalisation des cours d’eau.

Les zones d’eaux calmes créées par les barrages de castors favorisent la biodiversité : ces retenues d’eau peuvent devenir des frayères (zones de reproduction aquatique) à poissons ou à amphibiens, ce qui, à son tour, peut attirer certains oiseaux comme le héron, la cigogne noire ou des rapaces par exemple.

Les castors sont de sacrés ingénieurs.

Cohabitation avec l’être humain

Avec l'augmentation du nombre de sites occupés par les castors en Wallonie apparaissent des craintes au niveau de dégâts d’inondations ou d’arbres abattus sur des chemins, routes, prairies ou zones forestières (ripisylves).

Afin de faciliter une cohabitation harmonieuse, l'intervention d’experts du castor permet de relativiser ces craintes et de conseiller des solutions lorsque c’est nécessaire.

Au niveau du territoire wallon, sachez que Natagora a créé un GT Castors. Que vous soyez une administration, un particulier ou une entreprise, si vous êtes ennuyé par des castors, n'hésitez pas à les contacter (courriel : castors@natagora.be ; téléphone : 081 39 07 20).

Je vous souhaite de belles observations cet hiver.